J'ai noué pour les faire blanchir les deux scaroles du bout du jardin. Une corde autour de la taille de la salade. Encore un souvenir du potager d'Emptinal où les endives et les scaroles gonflaient et finissaient comme celles-ci dans une généreuse sauce blanche. Une béchamel bien poivrée qui conduisait le goût vers la cuisine populaire. Il s'agit bien aujourd'hui d'un repas populaire, campagnard. La saucisse campagnarde est lentement venue à sa maturité dans la graisse. Les nouvelles pommes de terre se marient doucement avec les sauces, celle de la viande et celle des légumes. Il faut des assiettes rustiques pour manger alors au bord de terre.
Les habitudes gastronomiques (mais n'est-ce pas là un mot trop arrogant ?) ont tellement changé au cours de ces trente dernières années. Trente ans pour passer de la casserole, du plat bourru au raffinements et aux délicatesses d'une cuisine plus aérée, plus légère. Avec le temps, va, tout s'en va même les goûts suaves en bouche. Il faut, pour bien déguster la préparation, se rappeler de l'âge et du temps qui passe. La terre a changé et s'est ouverte aux nouvelles sensations. Je suis seule à vouloir de nouvelles habitudes mais je veux garder en bouche les traces de mon bonheur d'hier. Celui que m'ont transmis parents et proches.
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