Les champignons de la Montagne Saint-Pierre. Sur le dessus de Bassenge, ce bout de la région plate en bordure de Meuse. Je ne lance plus la ligne en fond de rivière, commente la tante Jo qui a gardé une sacrée pêche malgré un mal de dos de saison et d'âge. Elle en a fini avec les cannes au lancé. Elle parle de ces melons rondouillards revenus en droite ligne du Vaucluse dans les valises de Vivianne. Cavaillon. Pour en finir avec les saveurs d'été. Le melon est parfait.
Repasse midi sur les graviers. Des pâtes fraiches et froides. De l'avocat, des tomates cerises, des crevettes et cette douce petite sauce à base de crème et de mayonnaise. Sous le parasol. Profiter du soleil et du vent doux.
De la framboise, dans le sorbet, dans le coulis et dans les fruits frais. Du rouge. Du gros rouge qui ne tache pas et qui glisse en bouche, qui fond dans la gorge.
Tante Jo ne doit pas sortir souvent de chez elle pour déloger. Pas plus que moi. Elle va se coucher tôt trop fatiguée par son mal de dos tenace. Je trainaille devant l'ordinateur pendant ou bonne heure encore. Je pense à ces moments de vie de notre jeunesse, à ce village au bord des fourons inondé quand le Geer était trop étroit pour les pluies d'été. Je pense à Constant, toujours fier de quelque chose à montrer. D'une haie, d'une petite marre, d'une véranda, d'une canne à pêche… Puis, je ne pense plus, je vais me coucher. Dans le petit jour, tante Jo est la première levée. Elle a bien dormi mais n'a pas fermé l'oeil. C'est comme ça quand on dort ailleurs que dans son lit…
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