Oui, c'est vrai que je crains chaque rencontre avec les miens ou les gens d'ailleurs, plus généralement. Oui, c'est vrai que je souffre d'oser, de craindre de réussir et, avant, d'avoir envie de réussir ce que j'ai du mal à entreprendre. Oui, c'est vrai, j'ai l'impression parfois de devoir gravir des montagnes pour retrouver les autres alors que ce sont de petits sentiers pas même escarpés. Oui, c'est vrai que je suis toujours en arrière, jamais la première à réagir. Et, quand je suis en avant, je crains d'en faire trop ou pas assez… Pas assez chaud ou pas assez froid. Pas assez ouvert, pas assez fermé. Trop et pas assez… Même si le papy raconte en permanence qu'on n'en fait jamais trop, ni jamais assez. Que c'est ce qui permet de regarder l'horizon, un jour de plus.
Cette année le sapin de Noël est dressé à Liège, dans une maison accueillante pas loin du centre, pas loin de l'arrêt d'où Loulou, ma grande, prend le bus pour rentrer. Cet arrêt, blessé d'abord, de cette place, tuée elle-même aussi, il y a quelques jours. Oui, c'est vrai que je crains chaque aventure imprévisible de la vie sociale, scolaire, humaine, professionnelle de ma grande, se son compagnon, de ses anges, de tous ceux qui traînent dans leur vie. Ceux des familles complices, coupées, recomposées, unies, cimentées. Oui, c'est vrai, j'ai bien des tristesses et des langueurs a regarder ce que doit être l'avenir, la confiance en un futur souriant. Mais des petites soirées et des petits matins comme ceux d'hier et d'aujourd'hui me laissent ravie, pleine d'espoir.
J'ai offert, sans réserve et sans trop espérer croire en ce que je faisais, des petits bouts de moi. J'ai reçu, en récompense de quoi me nourrir, manger et goûter. J'ai dormi, mal, inconfortablement aplatie sur un lit pourtant accueillant. Mais bien, au point de me réveiller sereine l'heure de l'avant midi du jour d'après. Entre le repas de la veillée et celui du matin d'après, il n'y a rien eu d'autre qu'un tourbillon de fraîcheurs, de sourires, de tasses de café brûlant, de bouchées salées et sucrées. D'une dernière tranche d'un pâté précieux et de la suivante d'un dessert coloré.
Rien ne s'est fait dans l'urgence, rien de s'est fait sans âme. Ceux qui voulaient des livres, on reçu des livres. Celles qui voulaient des vêtements les ont reçus. Ceux qui voulaient des victuailles les ont mangées. Ceux qui voulaient jouer l'ont fait. Celles qui voulaient des parures s'en sont parées, celles qui voulaient des coiffures s'en sont coiffées. Celles et ceux qui souriaient en avait de quoi faire des rêves. Il y a eu, dans le désordre et le plaisir, de la soupe rouge de poissons des mers du nord, du lapin à la moutarde sans piquant, il y a eu des bouchées de concombre au saumon d'Ecosse, il y a eu des huitres creuses et fraîches du bord de l'Atlantique, il y a eu du foie gras d'un canard vagabond au confit d'oignon rouge, il y a eu des blinis à la mousse de gibier parfumée aux légumes fins, il y a eu les bouchées sucrées colorées et baroques mais tellement goûteuses. Il y a eu des serviettes et des vaisselles, des couverts et des découverts. Qui se souvient que nous avons débuté par cette sélection de boudins insolents ? Aux noix, aux raisins, aux choux. Qui se souvient que pour chaque plat, assiette ou vérines, il y avait un verre bien rempli de ce qui convenait à l'équilibre des sens… Je suis rentrée, dans ma campagne, avec cadeaux et souvenirs dans l'entre chien et loup de décembre. Je suis un peu fatiguée mais il se pourrait que je sois en même temps très heureuse.
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